Un nouveau mot ?
Je viens de découvrir un nouveau mot et c’est une belle découverte. Je lisais le livre de Marielle Macé « Une pluie d’oiseaux » que j’ai trouvé par hasard dans une librairie d’Aubervilliers et qui parle de notre attachement aux oiseaux. Te souviens-tu de mon texte « Chante la vie » ? ; il est sur mon blog. Je parlais de prendre le temps d’écouter le chant des oiseaux, une leçon de vie…eh bien ce nouveau mot s’y rapporte et c’est : « Murmuration ».
Quel beau mot que murmuration. D’abord si tu le prononces, les M et les U sont tendres. Tu ne le dis pas fort car il contient le murmure, il s’étire doucement. Rien qu’à le citer, ce mot emmène un mouvement, une ondulation. C’est exactement cela sa définition : l’action de murmurer et côté angliciste il signifie un regroupement important d’oiseaux en vol, nuage d’oiseaux. Prends une seconde et Imagine…
Marielle Macé dans son livre qualifie ainsi ce mot : « Avec les oiseaux des verbes passent dans le ciel, des énoncés zèbrent le monde vivant, des propositions surgissent devant, derrière nous, fendent l’air comme phrasés par la vie elle-même…des phrases traversent les paysages, elles composent même ces paysages…des murmurations évidemment : des états de parole voltigeant par l’air, échappés, en-allés, zébrant en tous sens le monde commun. Des aventures de la parole… » Très joliment dit, les oiseaux par leurs gazouillis et leurs vols, leurs danses, nous dessinent des scènes, des points de vue, des perspectives. Nous avons du son et du visuel…une proposition ? une vidéo ? un petit film pour tous ? mieux qu’un portable…
As-tu déjà observé ces vols d’oiseaux qui voltigent en cadence ?
Cela arrive beaucoup en France entre novembre et février grâce aux étourneaux, nombreux. Une masse d’oiseaux s’élève et se met à danser en rythme, en accord, créant des figures dans le ciel, un vrai ballet…une murmuration.
Cela m’arrive de les voir en conduisant surtout en Beauce où les routes sont plates et où les champs sont immenses et lorsque cela m’arrive je conduis quelques minutes en rêvant ou je m’arrête pour les regarder. Car ils sont une source d’émerveillement. C’est un arrêt sur le temps qui passe. On danse, on ondule en les observant et on retient presque sa respiration devant cette leçon de la nature, ce petit moment pris, cette grâce gratuite offerte par la nature. Je les ai bien observés à différentes heures de la journée, ils sont une féerie et provoquent en moi un vrai bouleversement.
Techniquement il est dit que les étourneaux dansent en fin de journée et que c’est leur technique de groupe pour lutter contre leurs prédateurs, pour que ceux-ci ne les voient pas précisément. Ils bougent aussi et changent de place pour qu’ils ne soient pas les mêmes aux mêmes endroits. Les poissons en banc agissent de même en pleine mer.
Les étourneaux sansonnets sont très près les uns des autres et dès que l’un bouge d’un minuscule mouvement, ceux autour font de même et ils sont par flopées à partir dans une danse sans jamais se toucher.
Ne pourrions-nous pas nous en inspirer ? Déjà évoluer en accord ensemble sans se bousculer, en accord, comme dans un état originel. Tout simplement essayer de mieux communiquer et être nous, vrais, pas ces représentations que nous donnons souvent. Car comme dans ces danses d’étourneaux un faux pas et c’est tout qui flanche, ensemble nous sommes plus forts.
La nature nous offre ces moments de plaisir intenses. Si tu n’as pas vu ces ballets tu peux aller sur Utube et voir des vidéos ou regarder les photographies magiques de Soren Solkaer.
Et même ce mot magique qu’est « murmuration » va peut-être déclencher chez toi ce qu’il a déclenché chez moi. Soyons curieux…