Quoi ? Un chemin de vie ?
Il est original de voir que la numérologie ou toute autre « science » nous permettent de calculer notre chemin de vie, comme si les chiffres, notre date de naissance nous déterminait. Cela rassure d’imaginer un chemin qui serait tout tracé, comme si tout était prédéfini. Mais qu’en est-il de nous au plus profond, de nos aspirations, de nos hasards, de nos rencontres dans notre vie, de nos choix divers ?
Je crois que nous cheminons tous dans notre vie, nous y sommes bien obligés parce que le temps passe irrémédiablement, l’issue de notre vie est la même pour tous et nous y allons par étapes en avançant, en stagnant, en évoluant, chacun sa différence, chacun sa vie finalement.
Notre chemin de vie est-il prédéterminé ?
Je viens de regarder pour la deuxième fois le film « Pupille» de 2018, merveilleux film avec Sandrine Kimberlain, Gilles Lellouche et Elodie Bouchez. La première fois il m’a mis les larmes aux yeux. Un bébé est remis à l’adoption par sa mère le jour de sa naissance, laquelle a 2 mois pour se rétracter. Le bébé se retrouve pendant ce temps chez un assistant familial pour ensuite trouver la personne qui l’adoptera. Celle-ci en l’occurrence a suivi pendant presque 10 ans un parcours du combattant. Tout cela est fort et prouve combien cette femme qui ne peut avoir d’enfant s’est établi un chemin de vie dont la finalité ne peut être qu’un enfant. Alors qu’elle a un métier de lecture et description de pièces de théâtre pour des aveugles afin qu’ils puissent suivre la pièce et qu’elle voyage ; alors qu’elle se sépare pendant ces 10ans de son conjoint et que cela complique le schéma familial, qu’elle a peu d’amis et de vie…qu’elle choisit même d’adopter un enfant avec un handicap… elle continue ce qu’elle a commencé, ce chemin, cette ligne qu’elle s’est tracée. Et elle arrive à ses fins…C’est extrêmement poignant et très parlant cette idée que tout est possible si on y met le prix, sa volonté, si on s’y dédit. Cela compose une belle leçon de vie.
Ce film aussi m’a beaucoup parlé. Le spectateur regardait ce bébé qui tout de suite développe un retard de communication, qui ne réagit pas aux bruits, ne pleure pas et est comme en attente, limite apathique. Du coup je te pose la question : l’état originel détermine-t-il le chemin de vie d’une personne ou est-ce que cela peut changer ?
Le film répond à cette question. Les accompagnants du bébé cherchent toutes les solutions, parlent à celui-ci et je me dis alors pourquoi parler au bébé qui ne comprend pas ? Finalement ils trouvent le blocage causé par sa mère, elle ne lui a rien dit , est partie sans lui dire au revoir et l’a laissé sans réponse. En lui expliquant le tout tranquillement, face à lui, le bébé redevient « vivant » et gazouille. Est-ce une utopie ? De la psychologie ? La réalité ?
Je ne sais pas n’étant pas moi-même psychologue mais je me pose la question : si la vie nous prédétermine à un chemin, les autres, les rencontres, les hasards, les vies combinées,…tout peut changer alors et modifier ce chemin de vie tout tracé. Ce chemin n’est simplement pas tout droit mais plein de petits virages, de circonvolutions, de détours…
Je ne crois pas au chemin tout tracé… et toi ?
Je pense que déjà enfant nous avons des rêves de vie, nous les avons parce que nous sommes nés comme cela ou que nous avons vu des choses qui nous ont plu ou rencontré des personnes qui nous ont influencés aussi ou vu des films, des dessins animés, discuté avec d’autres enfants, ou que nous avons des aptitudes ou des handicaps. Déjà nous avons le choix d’essayer de réaliser son ou ses rêves ou pas, de partir dans cette voie ou pas. Puis plus tard dans notre vie, nous bougeons, voyageons, rencontrons une âme sœur ou pas, prenons un travail qui nous convient ou pas et nous pouvons toujours nous former et essayer d’en trouver un autre ou chercher nos compétences (on en a tous, quelles qu’elles soient) et les développer. Nous pouvons nous marier ou pas , avoir des enfants ou pas , choisir des activités ou pas, divorcer ou pas, avoir des amis ou pas … bref nous en avons des milliers de possibilités … une vie n’y suffit pas pour toute personne curieuse et ouverte.
Je crois en nos capacités individuelles et collectives, je crois que notre chemin de vie est plein de détours et plein d’espoirs.
Je crois que l’art aussi est un moyen incroyable pour s’exprimer, qu’il nait et engendre la curiosité, la recherche. C’est ma quête, c’est lui qui détermine mon chemin de vie, qui est loin d’être tout tracé et évolue sans cesse.
La dépression entraîne cette perte d’espoir et cette fermeture sur soi mais je pense qu’il est possible à ces personnes grâce à d’autres ou à plein de petites choses si on sait les regarder, de s’ouvrir au moins un tout petit peu et de voir le monde avec d’autres yeux. Cela peut s’apprendre aussi, en douceur, en prenant confiance, en se laissant aller.
Ne soyons pas catégoriques et laissons cette liberté à chacun de suivre son chemin de vie tout en sachant que la vie nous a été offerte. Alors essayons d’en faire le meilleur et essayons de voir le petit coin de ciel bleu plutôt que le coin noir et obscur, vivons !