Je rêve, tu rêves, nous rêvons…
J’ai écouté ce matin un podcast sur France Culture de Jean de Loisy intitulé « Odilon Redon, le prince des rêves », connais-tu cet artiste ?
C’est un peintre et un graveur du symbole, français, né à la moitié du 18ème siècle qui meurt en 1916. Il est très célèbre pour avoir étudié la pensée humaine, l’âme et son obscurité grâce aux mécanismes du rêve. La facture de ses images combine deux mondes inséparables, le visible et l’invisible. J’aime ses gravures noires, sombres, peuplées de coins, de monstres ou d’animaux mystérieux, elles représentent des rêves intérieurs et la vision dramatique qu’il avait du monde. Mais lorsqu’il a découvert la couleur, il a vu les choses sous un angle complètement différent. Ses couleurs sont devenues harmonieuses et éblouissantes, il s’est rapproché davantage de la réalité extérieure tout en laissant une large place à son imagination et inconscient.
Si tu connais un peu mon travail …tu peux comprendre pourquoi cet artiste m’inspire.
Le rêve est quelque chose de vital. On s’en souvient ou pas le matin ; il nous marque ou pas. Rêves-tu ? En as-tu conscience ? Beaucoup disent ne pas s’en souvenir ou peut être de celui du petit matin juste avant le réveil…pour ma part je m’en souviens souvent… On dit que le rêve est un fonctionnement de l’esprit. On ne comprend toujours pas son sens et sa signification, ou son rôle quelle que soit l’approche philosophique, neurobiologique ou autre. Ce sont des images improbables dans des lieux improbables avec des personnes que l’on connait ou pas… tout est ouvert. Par exemple mon dernier rêve du matin mettait en scène un personnage malfaisant qui apportait la fin du monde, genre démon tornade dévastatrice. Il m’invitait avec d’autres à boire un dernier verre avant de mourir et une autre personne et moi (je ne sais pas qui est cette personne), nous savions que nous avions une chance d’en réchapper alors nous partions en courant sur un chemin dans l’autre sens. J’entendais alors le démon dire tant pis si vous ne voulez pas profiter de ce dernier instant…et clac je me réveille, qu’est-ce que cela veut dire ? Je ne sais mais je dirais presque que je ne veux pas le savoir mais je garde les images dans ma tête et c’est étrange.
Freud a longuement étudié ce sujet et appelle même l’interprétation des rêves « la voie royale vers l’inconscient ». Il dit que le rêve est une production propre du rêveur et qu’il ne provient pas d’une source étrangère imposée de l’extérieur. Avant le rêve était interprété comme un message bienveillant ou hostile pour le rêveur, lui dit que non et interprète les rêves de manière psychologique et va très loin dans sa réflexion. Je ne le suivrai pas car chaque être humain est unique, nos rêves et en plus les souvenirs que nous en avons sont trop complexes et imprécis pour se livrer à une interprétation objective et généralisée pour tous. Je ne sais si tu es comme moi et que tu aimes le matin te souvenir de quelques bribes de rêve, moi cela m’amuse. Peut-être sommes-nous comme Odilon Redon le soulignait dans les visions intérieures et notre propre vision du monde…
D’ailleurs les rêves ont-ils des couleurs ? Te souviens-tu de cela ? Moi non mais ils aident par leur surréalisme le cerveau à mieux générer nos expériences de la vie quotidienne.
Nous avons parlé des rêves la nuit mais qu’en est-il des rêves de jour, construction de l’imagination, destinée à échapper au réel. Cet état de semi-transe ou de concentration le ressens-tu parfois ? Pour ma part en tant qu’artiste il est essentiel, partir dans l’imaginaire quelques instants voire quelques heures c’est l’idéal, le refuge, le moment où l’on se retrouve avec soi-même et même au-delà de soi-même. Il ne remet pas en cause la vie ni même la réalité il est juste un moment d’oubli, de liberté, de lâcher prise, d’expression, de recherche, de communion…il peut être chez soi, à l’extérieur, à l’étranger, n’importe où. Et là c’est une autre dimension…
Quels sont tes rêves ?
Les miens sont peuplés de couleurs et formes, les histoires se construisent et se racontent, le voyage puisque c’est un voyage est infini, la rêverie, elle part d’un point de réalité et va bien plus loin. Comme pour Odilon Redon : imagination et inconscient se rapprochent des réalités extérieures, la couleur et les contrastes animent le tout.
Et enfin il y a aussi les rêves de vie que l’on se donne et que l’on essaie de suivre ou pas, que l’on poursuit ou que l’on abandonne. Enfants nous voulions être tout et n’importe quoi, tout était beau, tout était prétexte à des histoires. Je suis toujours fascinée par ces petits qui s’inventent des histoires à dormir debout avec des riens, ils fabulent et inventent de drôles d’aventures …avons-nous oublié ? Nous sommes-nous laissé manger par la vie, le quotidien, les soucis ? Mais nous n’en avons qu’une seule de vie alors vivons la pleinement et n’oublions pas nos rêves d’enfants, nos histoires folles.
Alors je rêve, tu rêves, nous rêvons…laissons-rêver, autorisons-nous ces voyages de l’esprit qui ne font qu’un avec nous-même et nous libère d’un quotidien peut être gris … mettons les couleurs et voyageons.