Cocon…coton !
N’as-tu pas souvent envie de rester dans ta bulle ? De rester dans un endroit sécurisé, chaud et confortable ?
Avec le développement d’internet que nous captons quasi partout, nous restons beaucoup plus chez nous, faisons nos achats en ligne…surtout lorsque le temps est pluvieux ou froid. Nous avons cette impression de vouloir rester au chaud sous la couette plutôt que de sortir. Cela a poussé tous les commerces sur internet à se développer. Certaines entreprises sont même devenues des géants en nous proposant tous les produits possibles
Tout artiste, artisan essaie aussi d’être sur Internet avec un site commercial ou pas et sur les réseaux sociaux pour essayer de rester dans la même lignée. Mais je pose la question : est-ce facile de choisir une œuvre sur un écran sans pouvoir la voir, voir sa taille, les couleurs précises et les coups de pinceau ou les détails ? Cela importe-t-il encore ? Nous sommes bien capables de choisir des vêtements, chaussures ou autres…
Allons-nous donc rester de plus en plus dans nos cocons coton ? Je le croirais volontiers car notre jeunesse ne jure que par internet, commande sa nourriture et courses en ligne, s’exprime en ligne, choisis son partenaire en ligne…est-ce si confortable ? Cela améliore-t-il les relations humaines, se développe-t-il une autre forme de relations, est-ce que si c’est différent des générations précédentes c’est mauvais ou juste autre ? Tout est ouvert; tout progrès a toujours amené des peurs et des réticences aux générations ayant connu autre chose…l’avenir nous le dira. La période confinement a joué beaucoup car certains se sont rendus compte que rester chez soi ce n’est pas si mal, bien au contraire. Moins de contraintes d’horaires, pas de déplacements, tout à portée de la main, on est déjà chez soi le soir au chaud … les modes de vie et de fonctionnement évoluent et changent.
Coton …cocon…n’est-ce pas tout simplement aussi se rappeler le ventre chaud de notre mère ? Et cette sensation embryonnaire de baigner dans la chaleur et de s’y sentir bien ? Essayons-nous toute notre vie de recréer cet espace, créer un lieu de confort et de quiétude. Les enfants adorent fabriquer des cabanes ou passer des moments dans des petites maisons de tissu,des tipis et s’inventer des vies …ou peut-être est-ce les adultes qui leur proposent ce genre de jeu. Certains installent même au-dessus des lits des enfants des « ciels » de lit ou autres… pour amener cette paix intérieure dans cet abri réconfortant. Finalement nous avons besoin tout le temps d’être rassurés surtout dans un monde en constante perturbation.
Ne dit-on pas aussi que les enfants quittent le cocon familial lorsqu’ils sont adultes et prêts à affronter la vie ? Il y a donc bien une coquille, une enveloppe, d’isolement à un ou à plusieurs, une maison ou un endroit où l’enfant grandit et y est bien. Puis il part comme s’il s’extirpait d’une chrysalide pour se modifier, grandir et est prêt pour la suite, une vraie transformation. Certains d’ailleurs n’y arrivent pas à quitter ce nid et certains jeunes restent chez les parents plus longtemps par confort ou besoin et même certains adultes ayant des problèmes familiaux retournent dans cet abri.
Pour les artistes le cocon est aussi très important. Chaque artiste a besoin pour créer de se recentrer sur lui-même. Les instants de création sont des instants de connexion avec soi et par là même avec le monde, c’est personnel et universel. Souvent nos ateliers sont un peu isolés soi à la campagne, montagne, au fond du jardin, une pièce au grenier, à la cave ou même un petit coin à soi où on est tranquilles, à l’abri et où la pensée peut rejoindre les mains et vagabonder en paix. Nous les artistes, nous sommes conscients de cette chance que nous avons de partir dans notre imagination et de délivrer nos messages en réalisant des œuvres. Mon atelier est mon cocon, mes peintures et photographies le sont aussi, comme la musique et tous les arts. La lumière représente aussi pour moi un véritable nid douillet, source de vie et de voyage, impression de grâce, ambiance colorée, comme si je planais, magnifique !
Certains artistes travaillent aussi sur le cocon. Je me souviens de cette exposition aux Galeries Lafayette de Paris de Chiaru Shiota, une artiste japonaise. Elle avait comme tissé et tendu de grands fils blancs entrecroisés presque comme une toile d’araignée, avec des entrées et sorties, comme un abri chaud, un cocon. Et j’avais l’impression en évoluant dedans d’être si bien, en paix avec moi-même. Je regardais les personnes autour et me rendais compte qu’elles ressentaient la même chose, magique…
Alors est-ce notre âme d’enfant qui agit en permanence, ce besoin de retrouver la quiétude, la sécurité et la chaleur ou est-ce pour mieux se transformer ou juste se sentir bien ? Tout est envisageable ! Mais quel plaisir d’être dans ce coton…cocon !
Je t’invite à cliquer sur l’œuvre « Allégorie »